Une fille se dit.
Une fille se dit : pourquoi pas faire une prestation de clown au Maroc dans le cadre la journée internationale du volontariat en collaboration avec le PNUD(ONU)?
Pis là, après? Après, elle se dit, c'est sûr que les gens vont pas s'arrêter dans la rue, du clown, du clown dans la rue, les gens vont avoir peur de moi. Peur de moi? Mais non, ça va marcher, elle va essayer et faire de son mieux. En Amérique, ils craignent ça le public des fois, des fois. Ils savent qu'on veut les accrocher à notre sapin, pas longtemps, deux secondes alors ils s'éloignent des lumières de Noël.
Ouin, mais PAS PANTOUTE.
En fait, c'est le contraire: la fille pédale pédale pour clowneniser la place, pédale pédale pour faire rire les gens et pour sortir son darija du closet. Pis les gens restent là, fixés comme de la guimauve, la fille se dit, ils vont peut-être m'attaquer, me voler mon nez de clown, mais PAS PANTOUTE. Son vélo roche d'idées, sa tête bouillonne de thé à la menthe. Et ça continue. Deux fois. Trois fois.
Les gens veulent savoir ce qui va se passer. La fille sait pas ce qui se passe, ce qui se passera ou ce qui surviendra dans les prochaines secondes minutes de sa vie. Faque elle l'invente.
En fin de fin de compte, la fille respire, ferme sa trappe, prend ses cliques et ses claques et son pot de craie. Les chants, les mots, les blagues et les dessins sur le sol se souviendrons de la fille, mais surtout des gens qui ont regardé avec leurs grand yeux bruns de curiosité. Finalement, tout ça s'est bien passé, OUI pantoute. Et on va en parler avec l'Onu demain.